L’Année
Psychologique
(68° année, 1968, n°1, pp. 37-68)
ANALYSE D’UNE
SITUATION
DE DÉTECTION ET DE
LOCALISATION
Par J.-F. RICHARD et H. ROUANET
RÉSUMÉ
L’influence de la fréquence des stimulus et de la nature du stimulus précédent a été analysée dans une situation de détection-localisation consistant à détecter la position de la lacune d’un anneau de Landolt présenté en vision brève. Dans les quatre conditions étudiées allant d’une distribution uniforme des stimulus à une distribution unimodale peu dispersée, des effets de récence positifs ont été constatés (erreurs de localisation moins importantes lorsque le stimulus précédent était proche). Par contre des effets de fréquence (erreurs moindres pour les stimulus plus fréquents) apparaissent dans certains cas seulement : ils sont d’autant plus marqués que la distribution des stimulus est moins dispersée et que la capacité de détection propre au sujet est moins bonne. Deux modèles mathématiques d’adaptation ont été élaborés pour tenter de rendre compte de l’ensemble de ces résultats. Tous deux supposent l’existence d’un état de préparation évoluant d’essai à essai et font l’hypothèse d’un mécanisme de détection par tout ou rien (hypothèse qui s’avère compatible avec les observations, au moins à titre de première approximation). Ils diffèrent essentiellement en ce que l’un d’eux suppose la probabilité de détection indépendante de l’état de préparation, tandis que l’autre suppose la probabilité de détection plus élevée quand le stimulus est voisin de l’état de préparation que lorsqu’il en est éloigné. Les deux modèles comportent le même nombre de paramètres. Confronté aux observations, le deuxième modèle est de beaucoup le plus satisfaisant : il prédit avec une précision généralement bonne mais assez variable selon les conditions l’amplitude des effets de récence et des effets de fréquence là où ils existent.