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Epidémiologie de l'infection du VIH à Cuba : modélisation stochastique et prévision

en construction

Personnes impliquées :

Bertran Auvert INSERM Unité 88
Hector de Arazoza : Département de Mathématique, Université de la Havane, Cuba
Patrice Bertail : MODALX : Modélisation Aléatoire de Paris X
Stéphan Clémençon : MODALX : Modélisation Aléatoire de Paris X
Natacha Heutte : I.U.T. de Caen
Ying-Hen Hsieh : Département de Mathématiques Appliquées, Université Taichung, Taiwan
Rachid Lounes Laboratoire MAP5 : Mathématiques Appliquées Paris V
Jorge Pérez (Institut de Médecine Tropicale, La Havane, Cuba
Viet Chi Tran : Modélisation Aléatoire de Paris X

Description du projet :

Les travaux que nous nous proposons de mener dans le cadre d'une ACI visent à donner un éclairage nouveau sur les phénomènes d'infection et d'évolution de l'épidémie du SIDA. Le sujet a été inspiré par la partie cubaine de l'équipe proposée. C'est le travail exceptionnel de collecte de données mené en amont à Cuba qui rend possible la réalisation d'un tel projet aujourd'hui : il pourra en effet s'appuyer sur des informations quasi-exhaustives, d'un type inédit, relatives à l'évolution de l'épidémie du SIDA à Cuba. Si ce projet concerne en particulier les questions de santé publique cubaine, sa portée est bien plus vaste, puisqu'il poursuit l'ambition de mieux appréhender la maladie et son évolution d'un point de vue épidémiologique. Nos travaux consisteront en la construction d'un modèle "microscopique" adéquat du mécanisme de transmission et d'évolution de l'infection à VIH d'une part, et en sa calibration d'autre part, à partir des données cubaines dont nous disposons. L'estimation statistique d'un tel modèle, fondé sur des processus à valeurs " mesures ", est un sujet nouveau et représente un véritable challenge sur le plan mathématique. En cas de réussite, le modèle estimé pourrait s'avérer être un outil crucial permettant d'évaluer l'efficacité de diverses politiques de santé, de comprendre les évolutions passées de l'épidémie et de faire des prévisions par le biais de simulations ou au moyen d'une approche statistique historique.

Portrait de l'épidémie à Cuba :

Depuis 1983, l'importation de sang et les produits dérivés sont interdits à Cuba. Et après la détection du premier cas de SIDA à Cuba, diagnostiqué en avril 1986, le dépistage des groupes à risques a été rendu systématique. La réaction initiale du système de santé publique à Cuba, a été de mettre en quarantaine les personnes positives au VIH dans un sanatorium à la Havane, l'objectif étant de réduire le risque de transmission du virus. Depuis, la politique du sanatorium a évolué et un système ambulatoire a été mis en place : les malades résident chez eux avec un régime alimentaire spécial suivi de consultations médicales régulières. Parmi les personnes séropositives au VIH, 70% ont choisi de rester vivre au sanatorium. L'épidémie cubaine est à plus de 95% à transmission sexuelle. Une caractéristique originale du système mis en place pour contre le VIH à Cuba consiste en la recherche active des contacts sexuels des personnes infectées par le VIH. Cette recherche est effectuée par le département d'épidémiologie à tous les échelons (municipaux, provinciaux...) : une fois qu'une personne a été détectée puis confirmée comme étant infectée par le VIH, elle est informée de son état sérologique par le service épidémiologique provincial, et entre au sanatorium pour une période d'environ 6 mois où elle suit des conférences d'information sur le VIH et où on lui enseigne à vivre avec le VIH. Une fois sensibilisée, elle s'entretient avec un médecin qui lui explique l'importance de la recherche de ses partenaires sexuels, ceux-ci pouvant, eux aussi, être infectés. Les personnes ont alors la possibilité de nommer, volontairement et pour autant qu'elles s'en souviennent, leurs partenaires sexuels. Le système de santé publique cherche alors à retrouver ces personnes pour les informer qu'elles sont à risque et leur demander de se faire tester. C'est ainsi qu'une base de données décrivant les contacts sexuels des personnes infectées par le VIH s'est constituée. Cette base contient à ce jour plus de 17000 contacts. La détection se réalise aussi via une politique de dépistage systématique dans les groupes à risques. Au total, plus de 20 millions de tests ELISA ont été réalisés à ce jour et on peut dénombrer 17 sources de tests au VIH dont 11 sont jugées exhaustives. Les sources exhaustives concernent certains groupes de travailleurs, les donneurs de sang, les personnes ayant une MST autre que le SIDA, les hémophiles, les personnes en prison, les personnes ayant été testées " positif " à la tuberculose et les femmes enceintes. Les sources non-exhaustives concernent les personnes testées sur les conseils du médecin, les contacts sexuels déclarés par un individu séropositif, les personnes volontaires pour le test, les individus entrant à l'hôpital pour une autre raison par exemple. A la fin décembre 2000, le système de santé a ainsi détecté au total 3230 personnes infectées par le VIH dont 1195 d'entre elles ont développé le SIDA et parmi ces dernières, 840 décès ont été enregistrés. Parmi les séropositifs détectés, 23% sont des femmes et 77% sont des hommes. Parmi les hommes, 79% sont bisexuels. Parmi les séropositifs, 70% ont été détectés suite à la recherche des contacts sexuels d'individus séropositifs. Avec une population d'environ 11 millions d'habitants, l'épidémie cubaine est modérée.

En construction :

page révisée le 30/09/2004