Mémo sur certains points de prononciation anglaise, avec application aux mathématiques.

(Work in progress - Août '22)
Contexte

Je suis locuteur non-natif de l'anglais, l'ayant étudié à l'école comme seconde langue vivante étrangère, et ne l'ayant pas sérieusement pratiqué à l'oral avant l'âge de 20 ans. J'ai ensuite vécu aux États-Unis sans réfléchir à la question de l'accent pendant trois ans. En 2018, j'ai pris une quinzaine de "cours d'accent" individuels chez Accents Off à NYC. Loin de me croire bien plaçé pour "faire la leçon", je partage ici une partie des choses que j'ai apprises sur la prononciation anglaise, en espérant que cela puisse être utile à d'autres.

La prononciation à laquelle il est fait référence ici concerne l'anglais américain (si vous cherchez à avoir un super accent British, passez votre chemin), plus précisément ce qu'on appelle le General (ou Standard) American English (GAE), qui est une sorte d'idéalisation de la prononciation américaine "typique". Les variations phonétiques au sein d'un pays aussi vaste et divers que les USA sont passionnantes (et la connaissance du GAE permet d'en démarrer, par contraste, une vraie exploration), mais ça n'est pas notre sujet.

Il y a une différence profonde entre "avoir un accent" et "faire des fautes de prononciation". Pour illustrer cette différence, pensons à la langue parlée comme à un morceau de musique, disons La Marseillaise. L'interprétation habituelle de l'hymne, par exemple celle chantée par les chœurs militaires, est reconnue comme "correcte". Ce n'est cependant pas exactement la même que celle qui sera faite par la foule lors de certains événéments (la prosodie militaire, par exemple, marque parfois très sèchement la fin des vers), on pourrait dire qu'il y a un "accent" militaire et un "accent" populaire pour chanter La Marseillaise. Que dire maintenant des multiples relectures qui en ont été faites : en version reggae, punk, hip-hop, lyrique ?.. D'un point de vue musical, aucune n'est foncièrement "incorrecte", c'est une question de sensibilité. De la même manière, un accent peut être agaçant ou charmant selon les oreilles. En revanche, si l'on joue le morceau avec des fausses notes non voulues, ou en se trompant sans le savoir dans les paroles, il y a quelque chose d'incorrect - c'est l'analogue des erreurs de prononciation.

À l'âge adulte il est difficile (mais, d'après les experts, possible) de perdre entièrement son accent - je n'ai certainement pas perdu le mien. En revanche, avoir conscience d'un ensemble de fautes usuelles, y prêter attention et chercher à les corriger ne demande qu'un effort modeste et peut améliorer la confiance que l'on a quand on s'exprime à l'oral ainsi que le confort de son auditoire, ce qui n'est pas négligable.

Principes de base
"AH" spelled like "OH" Attention : this one trick will change your life! Quand on lit un "o" dans un mot anglais, la tendance naturelle sera de le lire comme en français, et de proncer par exemple not comme une "note", rock comme un "roque", model comme un "modèle". Et bien non !
La majorité des "o" sont en fait à prononcer comme des "ah".

Un exemple : vous voulez parler d'un sujet à la mode en topologie, a hot topic in topology. Avec un accent français "typique", on prononcerait
hot topic in topology = h'otte taupic in taupaulaudji
quand la vérité est plus proche de :
hot topic in topology = h'atte ta-pic in tapaladji
Essayez de le prononcer, vous éprouverez peut-être un sentiment de ridicule - c'est normal pour un nouveau rôle :)
Sont concernés des mots qu'on utilise régulièrement en mathématiques comme not, on, model, progress, project, modern, opposite, nonsense, problem, solid. Exercice :
It's not solid progress on the project, quite the opposite. The modern model is nonsense.

Certains "o" sont évidemment autre chose que des "ah" (sans pour autant être des "au"), comme dans "together" qu'il ne s'agit pas de prononcer tagether!! Mais si vous pensiez prononcer le "o" comme un "au", il vaut mieux le prononcer comme un "ah". Encore un exercice (tous les "o" sont des "ah") :
Solving a phenomenally popular problem can bring you lots of dollars.

Pour revenir sur l'aspect "stressed" de l'anglais, dans tous ces exemples non seulement il faut prononcer ces "oh" comme dans "ah", mais en plus il faut y aller franchement en accentuant la syllable concernée ! C'est d'ailleurs à cause de ça que le "oh" devient un "ah".
I'm givin' a shot at the convex body problem = Am GUI-vinneuh chAtte At'[the] KAnn-vex BA-dy PRA-blèm'.

Voilà encore des exemples utiles au monde mathématique : constant, confidence, complement, complication, combination. Ce sont tous des "KA-" et la première syllabe porte une forte accentuation. Exercice (les "o" en gras sont des "a"):
The competition to obtain the best possible constant for this confidence interval.

Prononcer les "o" accentués comme des "a" (et ce avec une belle énergie) est un moyen très simple et très efficace pour "sonner" davantage américain. Malheureusement, il y a des subtilités :
Les syllabes élidées Il ne viendrait pas à l'esprit d'un locuteur français de faire une diérèse sur "A different version of the problem", ou "The next session" mais on doit tâcher de renforcer encore la contraction : le "sion" français devenant cheun'. En revanche sur les mots suivants (et bien d'autres), il faut opérer l'élision d'une syllabe à laquelle on ne pense pas naturellement : Le même phénomène intervient dans des mots plus longs comme specialty (même remarque qu'au début, il faut renforcer la synérèse sur "ia") ou practically (le dernier "a" disparaît). La logique sous-jacente est celle de l'accentuation et en principe, si l'accent est bien placé et suffisamment marqué, les lois phonologiques "naturelles" feront le reste.
Le long "ii" Dans clear, clearly, appear, here, weird, period, serious, year, le son "i" précédant le "r" doit être long. A lot of progress during a period of ten years = "euh lAt' af' prAgwrèss' du-ring' euh pIIriad af taine yIIrz". Exercice :
It's not clear to me how serious the weird problem is here
Les préfixes re-, de-, pre-
Le préfixe pro-