Je suis locuteur non-natif de l'anglais, l'ayant étudié à l'école comme seconde langue vivante étrangère, et ne l'ayant pas sérieusement pratiqué à l'oral avant l'âge de 20 ans. J'ai ensuite vécu aux États-Unis sans réfléchir à la question de l'accent pendant trois ans. En 2018, j'ai pris une quinzaine de "cours d'accent" individuels chez Accents Off à NYC. Loin de me croire bien plaçé pour "faire la leçon", je partage ici une partie des choses que j'ai apprises sur la prononciation anglaise, en espérant que cela puisse être utile à d'autres.
La prononciation à laquelle il est fait référence ici concerne l'anglais américain (si vous cherchez à avoir un super accent British, passez votre chemin), plus précisément ce qu'on appelle le General (ou Standard) American English (GAE), qui est une sorte d'idéalisation de la prononciation américaine "typique". Les variations phonétiques au sein d'un pays aussi vaste et divers que les USA sont passionnantes (et la connaissance du GAE permet d'en démarrer, par contraste, une vraie exploration), mais ça n'est pas notre sujet.
Il y a une différence profonde entre "avoir un accent" et "faire des fautes de prononciation". Pour illustrer cette différence, pensons à la langue parlée comme à un morceau de musique, disons La Marseillaise. L'interprétation habituelle de l'hymne, par exemple celle chantée par les chœurs militaires, est reconnue comme "correcte". Ce n'est cependant pas exactement la même que celle qui sera faite par la foule lors de certains événéments (la prosodie militaire, par exemple, marque parfois très sèchement la fin des vers), on pourrait dire qu'il y a un "accent" militaire et un "accent" populaire pour chanter La Marseillaise. Que dire maintenant des multiples relectures qui en ont été faites : en version reggae, punk, hip-hop, lyrique ?.. D'un point de vue musical, aucune n'est foncièrement "incorrecte", c'est une question de sensibilité. De la même manière, un accent peut être agaçant ou charmant selon les oreilles. En revanche, si l'on joue le morceau avec des fausses notes non voulues, ou en se trompant sans le savoir dans les paroles, il y a quelque chose d'incorrect - c'est l'analogue des erreurs de prononciation.
À l'âge adulte il est difficile (mais, d'après les experts, possible) de perdre entièrement son accent - je n'ai certainement pas perdu le mien. En revanche, avoir conscience d'un ensemble de fautes usuelles, y prêter attention et chercher à les corriger ne demande qu'un effort modeste et peut améliorer la confiance que l'on a quand on s'exprime à l'oral ainsi que le confort de son auditoire, ce qui n'est pas négligable.