La langue anglaise tend à
devenir la langue unique des sciences et techniques, et en
particulier de la statistique (ce qui n'empêche pas, tant s'en
faut, nombre de statisticiens dans le monde, notamment anglophone,
de lire (sinon de parler) couramment le français: la
prétendue " language barrier" qui aurait entravé la
diffusion d'idées en provenance de France est une mauvaise plaisanterie).
Quoi qu'il en soit, en Allemagne, en Italie, en Espagne, en
Scandinavie, pour être entendu, il m'a fallu
parler anglais (et exhiber mon "passeport américain", en
l'occurrence l'état de mes années passées
à Stanford).
Mais langue unique ne veut pas dire pensée unique.
D'un côté, la langue de bois ne se traduit que trop
bien dans tous les idiomes, du pur français
au pur castillan.
D'un autre côté, rien n'interdit de dire des choses
originales dans la langue dominante. Je suis fier de mon
article "Assessing the importance of effects" dans le
Pychological Bulletin (1996b),
non pas parce que c'est un "article en anglais", mais du fait de
l'originalité des idées que j'ai pu communiquer aux
lecteurs de la revue.
C'est l'éditeur suisse Peter Lang qui m'a
demandé de procéder à une version en anglais du
livre "L'inférence statistique dans la
démarche du chercheur" (1991), devenu "New ways in statistical
methodology" (1998a), tout en conservant
l'intégralité de son message. C'est Patrick Suppes, mon
vieux maître de Stanford, qui nous
a encouragés à écrire l'ouvrage (2004)
sur les méthodes géométriques "à
l'intention de lecteurs anglophones, mais sans concession sur le
fond".